đŸ‡šđŸ‡©LA DÉCOUVERTE DE LA TRIBU LUBA : 🍃TSHIBAWU 🍃 TSHIBINDI, clĂ© de la mythologie KasaĂŻenne.✹

Au nombre des mythes issus de la tradition KasaĂŻenne dont la rĂ©putation a traversĂ© l’espace du peuple Luba situĂ© au centre de la RDC, se compte sans conteste le Tshibawu.

Combien de fois en effet le mot “Tshibawu” n’a pas Ă©tĂ© entendu lorsqu’on fait allusion Ă  la punition censĂ©e infliger l’infidĂ©litĂ© d’une femme mariĂ©e ? Et de prime abord pour un sujet aussi sensible, voire affriolant, les interrogations fusent: la pratique affecterait-elle uniquement la femme mariĂ©e Ă  un Luba ou celle d’une autre tribu en mĂ©nage avec un Luba Ă©chapperait-elle Ă  l’infamie?

Mythe fondateur Luba

En fait, le mythe du TSHIBAWU remonte aux temps immĂ©moriaux et il est transmis au fil du temps par la tradition. Il serait l’expression d’une malĂ©diction lĂ©guĂ©e par une femme surprise alors en flagrant dĂ©lit d’adultĂšre et qui, condamnĂ©e Ă  mort pour l’infraction impardonnable commise, aurait promis le mĂȘme sort Ă  ses congĂ©nĂšres des gĂ©nĂ©rations futures qui se rendraient coupables de la mĂȘme faute.

Ce mythe fondateur se veut en tout cas ĂȘtre le fondement de la stabilitĂ© de la sociĂ©tĂ© Luba. Et pour cause, la sociĂ©tĂ© luba est patriarcale. De plus la polygamie, signe ostentatoire de richesse et d’une main-d’Ɠuvre laborieuse pour les travaux des champs, y est largement en vigueur mĂȘme en milieu urbain. Elle symbolise la rĂ©ussite.

Dans ce contexte, les femmes vivent dans la mĂȘme enceinte sous un ordre hiĂ©rarchique, la premiĂšre Ă©pouse ayant prĂ©sĂ©ance sur les autres et le respect dĂ» Ă  son rang est imposĂ©. La progĂ©niture abondante est le tĂ©moignage de bĂ©nĂ©dictions. Il va de soi dans ces conditions, que la mise en place de cet interdit caractĂ©ristique du peuple Luba Ă  cĂŽtĂ© de bien d’autres a pour objectif d’aller Ă  l’encontre d’éventuelles transgressions Ă  mĂȘme de garantir la cohĂ©sion familiale et sociale: le patriarcat doit absolument s’assurer de la lĂ©gitimitĂ© des enfants aux yeux du pĂšre et de son clan et seule la fidĂ©litĂ© de la femme en est une certitude. D’un autre cĂŽtĂ©, on connait les risques que peut susciter la polygamie quant Ă  la possibilitĂ© de l’attachement entre un homme et une femme.

Tshibindi et Tshibawu

A plusieurs Ă©gards, la sanction de l’infidĂ©litĂ© confirme la duretĂ© des lois sociales lubas. A tel point qu’il semble que beaucoup de femmes qui en sont originaires prĂ©fĂšrent ne pas Ă©pouser des hommes de leur tribu en raison de ces moeurs trop rigoristes.

Toutefois, bien que le terme “Tsibawu” occupe une place prĂ©pondĂ©rante dans l’imaginaire du Congolais lambda, il en est un autre en totale corrĂ©lation avec lui: le Tsibindi. Cette derniĂšre notion est en rĂ©alitĂ© primordiale au Tsibawu. La premiĂšre est en effet Ă  l’origine de la commission de la faute alors que la deuxiĂšme porte plus sur la rĂ©paration ou l’amende Ă  rĂ©gler. DiffĂ©rentes situations sont Ă  la source du Tshibindi. On cite volontiers le cas de l’épouse responsable de relations sexuelles extra-conjugales, d’un enfant qui dĂ©couvre la nuditĂ© de ses parents, ou encore de deux co-Ă©pouses qui qui s’injurient ou se bagarrent.

Face au non-respect de la loi, le malheur peut frapper la personne qui a le “sang faible”, en position directe ou collatĂ©rale. Ainsi, un Ă©poux qui serait victime de l’adultĂšre en est Ă©ventuellement affectĂ©, de mĂȘme que les enfants du couple pourtant innocents et ce sans tenir compte du rĂŽle jouĂ© par son artisan, dans le cas d’espĂšce l’épouse adultĂšre.

Le Tshibindi serait donc une malĂ©diction entrainant des consĂ©quences pouvant revĂȘtir diffĂ©rentes formes. Le malheur prendrait alors la forme d’une maladie, d’une impuissance sexuelle, de la sĂ©cheresse financiĂšre, de la perte d’emploi, d’errance, de la folie, voire mĂȘme la mort. En sus, cette malĂ©diction peut se transmettre de gĂ©nĂ©ration aprĂšs gĂ©nĂ©ration. Au nombre d’histoires liĂ©es Ă  ce genre d’épisode, il se raconte qu’un monsieur surpris de filer le parfait amour avec sa tante, s’est vu frappĂ© d’impuissance devant son entĂȘtement Ă  ne pas rompre la liaison dangereuse. Sur l’insistance de sa famille, il finit toutefois par se marier Ă  une autre femme. La nuit des noces, il prĂ©texta la fatigue consĂ©cutive aux prĂ©paratifs du mariage et Ă  l’excĂšs des joies de la fĂȘte pour ne pas honorer son Ă©pouse. Puis, de subterfuges en subterfuges de la part de son Ă©poux pour ne pas remplir ses devoirs, celle-ci se dĂ©cida en dĂ©finitive de quitter le toit conjugal sans qu’il n’y ait eu consommation effective du mariage. Peu de temps aprĂšs, ledit monsieur perdit son emploi des suites d’une bĂ©vue inexplicable pour finir par errer perpĂ©tuellement saoul dĂšs les premiĂšres heures du jour et cela, jusqu’à sa mort.

Il s’agit donc de racheter la faute pour conjurer le mauvais sort. Ainsi pour lever la transgression commise, la femme compromise, dĂ©clarĂ©e mwena tshibau, doit absolument payer le prix de la faute effectuĂ©e sinon de constater la persistance du malheur. D’oĂč l’entrĂ©e en scĂšne du Tshibawu. Le prix de la rĂ©paration, le tshibawu, se prĂ©sente de diffĂ©rentes maniĂšres, l’essentiel Ă©tant qu’il atteigne l’objectif de purification aprĂšs invocation des esprits des ancĂȘtres. Ainsi, la femme fautive (“mwena tsibau”) doit avouer son forfait, quitter le toit conjugal et retourner chez ses parents. De lĂ , elle est astreinte Ă  ramener poules et chĂšvres Ă  prĂ©parer pour les hommes. Un autre exemple de rĂ©paration est citĂ© : la femme coupable doit subir l’humiliation de se promener toute nue Ă  travers tout le village et accepter d’ĂȘtre conspuĂ©e. Avant cela, l’homme cocufiĂ© devra se dĂ©barrasser du lit conjugal, mĂȘme si le dĂ©lit a Ă©tĂ© opĂ©rĂ© hors de chez lui.

En rĂ©action aux sanctions contre l’adultĂšre, une autre pratique a vu le jour: le tshizaka bwanga, cet exercice consiste en l’utilisation par la femme d’un gri-gri qui a le pouvoir d’avoir les contraintes dĂ©crites ci-haut. En effet, grĂące Ă  cette amulette, la femme volage sait Ă  se prĂ©munir de route adversitĂ© qui la frapperait en cas de manquement grave Ă  ses obligations maritales.

Il reste cependant Ă  s’interroger sur la rĂ©sistance des traditions vis-Ă -vis de l’adultĂšre Ă  l’heure du melting pot des populations dans les grandes villes ou de leur migration surtout en terre occidentale, oĂč les exigences vertueuses sont moins sĂ©vĂšres. Seules alors les personnes sanctionnĂ©es par des jugements avĂ©rĂ©s pourront rĂ©pondre Ă  la question.

Par: @Urbaines_Promotion_Drc

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